Le protecteur des océans reçoit le Volvo Environment Prize

Un des chercheurs les plus en pointe aujourd'hui dans le monde, le professeur Rashid Sumaila, reçoit le Volvo Environment Prize de 2017 pour ces travaux sur les océans et la vie marine. C'est un économiste qui a bousculé les traditions de la gouvernance marine et a introduit de nouvelles façons de penser, notamment en protégeant les hautes mers qu'il considère comme une « banque de poissons » pour le monde.
« Les océans ont besoin de protection, nos vies en dépendent »
Rashid Sumaila, Professeur à l'Université de British Columbia, Canada, est le lauréat du Volvo Environment Prize de 2017.

Le professeur Rashid Sumaila est directeur de l'Unité de recherche en économie des pêches à l'Institut des océans et de la pêche de l'Université de British Columbia, Canada. Les scientifiques ont ici recueilli des années de statistiques qui démontrent clairement que les prises de poissons ont stagné à l'échelle mondiale, pour aujourd'hui chuter malgré les efforts des flottes de pêche dans le monde entier.

« Il existe des preuves scientifiques claires, étayées par des rapports de pêcheurs du monde entier selon lesquelles nous pêchons actuellement trop de poissons. Nous épuisons nos ressources par des pêches excessives, » explique Rashid Sumaila.

Les océans couvrent 70 % de la surface de la planète. Ils étaient autrefois considérés comme une source d'approvisionnement infinie pour les humains. Mais ils subissent aujourd'hui de fortes pressions. Les prises de poissons mondiales, aussi bien légales qu'illégales, représentent environ 130 millions de tonnes de poissons par an. C'est une activité incroyable, avec un impact économique d'environ 500 milliards de dollars par an, qui fournit les protéines indispensables à des milliards de personnes et des emplois à des dizaines de millions. Avec les prises de poissons aujourd'hui en déclin dans le monde, l'activité et la sécurité alimentaire sont menacées.

Les recherches de Rashid Sumaila couvrent tous les aspects de la santé future des océans : la surexploitation, les déversements de pétrole, la pollution des plastiques, l'acidification des océans et le changement climatique. Il propose également des solutions pour gérer la biosphère marine. Une de ses suggestions est de fermer les hautes mers à la pêche commerciale.

Les zones économiques exclusives éloignées des côtes sont en général surveillées et gardées par chaque pays. Mais les hautes mers couvrent les deux tiers des océans du monde. Elles appartiennent à tout le monde et à personne, ce qui signifie qu'elles n'ont aucune défense.

Rashid Sumaila a suggéré une interdiction totale de la pêche en haute mer, une idée initialement considérée comme totalement irréaliste. Mais plus aujourd'hui... la première zone marine protégée en haute mer, la mer de Ross en Antarctique, verra le jour le 1er décembre 2017. Il a été invité à présenter son idée à la Commission mondiale des océans et l'Association américaine pour l'avancement des sciences des Nations Unies.

« Si nous voulons protéger les hautes mers, nous devons créer des zones où les poissons peuvent se cacher et se développer. Les poissons peuvent ensuite être à l'origine du développement des zones économiques des pays. Cela améliorera non seulement la biodiversité marine mais aussi l'économie, » précise Rashid Sumaila.

Un autre domaine de recherche de Rashid Sumaila est celui des subventions aux flottes de pêche. Il trouve qu'elles n'ont aucun intérêt, mais surtout qu'elles poussent à la surpêche. Grâce à des calculs, lui et d'autres chercheurs, estiment que globalement il faudrait réduire considérablement les flottes de pêche actuelles.

« La science apporte une réponse. Pour reconstruire, il faut reculer. Si nous laissons les stocks de poissons se renouveler, nous pourrons commencer à pêcher davantage et à apporter aux populations du monde entier des protéines animales saines. Dire que les océans sont essentiels pour nos vies est un euphémisme. Nous devons les protéger et la manière dont nous les traitons aura un profond impact sur les générations actuelles et futures. »

La motivation du jury de la fondation Volvo Environment Prize :

« Le professeur Sumaila est un des chercheurs les plus innovants travaillant sur l'avenir des océans. Ces recherches intègrent l'aspect social et économique au niveau de l'écologie, des lois, de la science de la pêche et des traditions pour développer une pêche durable. Avec ses connaissances interdisciplinaires solides et son efficacité, il est en mesure de travailler sur un des défis du développement durable les plus complexes du XXIe siècle. »

Le Président de l'Université de Colombie Britannique, le professeur Santa Ono témoigne :

« Nous sommes extrêmement fiers du professeur Rashid Sumaila. C'est un de nos chercheurs les plus titrés qui a également la capacité de rendre la science vivante, de susciter l'intérêt de tous, des enfants aux néophytes, tout comme des experts en développement durable, en changement climatique et en économie de la pêche, un secteur dans lequel il est avant gardiste. »

Pour en savoir plus sur le Volvo Environment Prize et sur le lauréat de cette année, veuillez contacter le Professeur Will Steffen, Président du jury de la Fenner School of Environment and Society de l'Australian National University. E-mail : will.steffen@anu.edu.au
Téléphone : +61 2 6125 4588

Le Volvo Environment Prize a été fondé en 1988 et est devenu l'un des prix environnementaux les plus prestigieux au monde. Il est décerné chaque année à des personnes qui ont fait des découvertes scientifiques majeures dans le domaine de l'environnement et du développement durable. Un diplôme, une sculpture de verre et un chèque de 1,5 million de SEK seront remis à l'occasion d'une cérémonie à Stockholm le 29 novembre 2017.

Pour en savoir plus sur le lauréat 2017 et le Volvo Environment Prize :  www.environment-prize.com